Absinthe de mer

Isolée sur son rocher d’éther vert,
La sirène envie la boisson des marins de Valparaiso.
Elle troquerait volontiers son ivresse
Des profondeurs contre celle de surface
Dans le rayon vert d’eau du soir
L’absinthe de mer et son armoirie d’algues
Nichent au creux d’une dune oubliée
Ses rameaux président au carénage des sentiments
Sa douceur s’imprègne en hiéroglyphes sur les coques écaillées
Ecume de rêve sur algue glissante
Eau de mer à boire cul sec au rappel
Accrochée au bastingage
Les fleurs de l’armoise de Llyod
Au fond des yeux

La sirène s’enroule dans ses cheveux d’absinthe
Se love dans ses boucles pour s’endormir
S’assoupit dans le bercement des vagues
Elle ne perçoit du lent mouvement de houle longue
Que les ondes atténuées venues du large
Qui l’emportent loin dans un sommeil de coquillages
Aux échos familiers. Un chant de routes maritimes
Empruntées par les hommes. L’histoire de la navigation
Dont se souviennent les fantômes de ses ancêtres
Qui lui apparaissent parfois en rêve
Gisant sur les épaves des navires naufragés
Au fond des océans de sa mémoire.