Au Castellet, un vieux poète grave l’eau-forte de ses souvenirs
Immortalise un Louis XIV marseillais faisant la manche devant la banque qui l’employa jadis
Chante galamment la femme et l’éphémère
Du fond des guerres traversées, ses yeux bleus sourient encore à la vie.
Sous l’arrogant ciel niçois fin février
Les mimosas déjà fanés.
Le pommeau et le tuyau de douche du malade geignent et chantent indissociablement.
Par-delà les centaines de feuilles complices du vieil olivier
Des cloches sonnent dans le vert de temps
Couronnes citadines dans le ciel brumeux
Bougainvillées et palmiers, yuccas et magnolias
Klaxons, sirènes, jacasseries des pies, cris des goélands,
Et longeant le carnaval,
Le tocsin silencieux du tramway.
Memento mori
« Il faut enterrer les mots et réparer les vivants » (Tchékhov et Maylis de Kerangal)
Et dans l’intervalle irréparable, dans l’insoutenable entre-deux ? Que faire face aux vivants sur le grand seuil, sur le point de franchir l’infranchissable ?
Il n’y a pas de belle mort. Il n’y a que l’indifférence des vivants ou leur lâche soulagement à demeurer du bon côté, à se détourner au moment crucial.
« Encore ! »
Sans même un nez rouge, j’ai jonglé avec deux balles et les enfants ont ri aux éclats, avalant les jeux aussi goulûment que la ratatouille, l’eau du bain ou Blanche-Neige, la souris verte et l’arabesque sur la trottinette. « C’est la tempête qui chavire, qu’il faut réparer » m’ont-ils confié, non le bateau de Thésée, comme je le pensais.