C’est là que je suis allé flâner aujourd’hui. Une belle livraison que ce numéro qui s’ouvre
avec François de Cornière et c’est toujours à mes yeux un bon début. Il a acheté d’occasion
Le cœur est un chasseur solitaire de Carson Mc Cullers, le lit en vacances et en souligne
une citation : « Il fallait que cela eût une valeur / si les choses avaient un sens. / Et ça en avait
et ça en avait et ça en avait. / Tout cela avait une valeur. / Très bien. / Parfait. / Une valeur. »
Un peu plus loin, il ouvre un livre de Georges Mounin : « La poésie se souvient de tout. »
Parfait.
J’aime toujours la petite musique délicate et légèrement mélancolique des courts poèmes en
prose de Jean-Baptiste Pedini : « Le ciel est étrangement clair. Pourtant on est usé et l’eau
coule vite au-dehors. Il n’y a rien d’autre à dire. On ne quitte plus la fenêtre et c’est un océan
de toits qui recueille à présent les messages de détresse. Les lèvres déjà serrées alors que la
nuit ne prend pas. »
Je m’arrête un moment sur la voix toujours originale d’Elsa Hieramente : « portier / passer le
temps / ça fait mal / à rien faire / froisser le temps / le repasser / s’excuser / recommencer //
passer le vide / ça fait mal / sans repères / froisser le vide / le repasser / s’excuser /
recommencer // croiser les gens / ça fait mal / à rien faire / froisser les gens / les repasser /
s’excuser / recommencer »
Et je garde toujours pour la sortie comme une gourmandise, les aphorismes de Jean-Pierre
Georges :  « Il faudra donc quitter cette vie dans laquelle on n’est jamais entré. »

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