« Nous allons désormais tous vivre dans un parc/ Nous allons tous vivre dans un parc le même parc le même/ Notre parc s’appellera la terre la planète terre/ Nous y sommes nous y sommes déjà/ Nous y avons toujours été depuis l’origine/ Nous y serons nous y serons de plus en plus désormais/ Nous ne pourrons plus sortir nous ne sortirons plus de notre parc/ Nous ne nous échapperons plus/ Nous pourrons tout au plus faire des petits parcs dans le grand parc/ Nous pourrons faire des petits parcs d’espèces variées singulières/ Nous pourrons faire des petits parcs d’espèces végétales animales/Nous pourrons faire des petits parcs d’espèces humaines/ Nous pourrons aller vivre dans ces parcs librement temporairement/ Nous pourrons être des Dogons de quinze jours maquillage compris / Nous pourrons devenir des Papagos arizoniens initiatiques/ Nous pourrons monter la garde sur le mur d’Hadrien côté Rome/Nous pourrons même être nous-mêmes dans les parcs d’être soi-même / Nous pourrons aussi choisir de devenir quelqu’un d’autre que soi/ Nous commençons à peine/ Nous ne sommes qu’au commencement/ Nous ne pourrons plus sortir que par la mémoire de nous-mêmes/ Nous quitterons le parc de nous-mêmes par la Grande Porte du Temps/Nous nous disperserons diasporiserons dans la sauvagerie du Temps / Nous aurons le choix d’entrer dans la mémoire par le côté de l’oubli / Ou bien de nous aventurer dans l’infini de la mémoire »

Jacques Darras, L’indiscipline de l’eau

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