« Ecrire et les rêves sont vies arachnéennes; de leur fil continu, parfois soie, parfois barbelé, ils tissent une doublure plus précieuse, d’une plus secrète et sensible empreinte que l’avers du manteau de nos jours. »
« Ecrire n’a pas d’objet »
« Ecrire n’a pas (besoin) de moi. Il passe par moi pour me déloger. Pousse-toi de là que je m’y mette. Ou peut-être est-ce quand on a déjà fait de la place qu’il se pointe. Par exemple, sous irruption de l’Emotion, ça déménage. Et dans ce tremblement de force majeure, les couches superficielles se fissurent, s’ouvrent des crevasses, ou un puits, un tunnel de taupe (on s’est retrouvée cul par-dessus tête sur la motte soulevée) par où guette Ecrire qui n’apparaît qu’avec l’exercice du plus singulier, du plus rigoureusement subjectif […] Ecrire cherche à me traverser d’une puissance – la puissance d’un impersonnel qui n’est nullement une généralité, mais une singularité au plus haut point. »
« Ecrire n’est pas une mignonne créature –mais il oblige parfois à puiser la moelle même, la substance organique du dedans, la seule chose, dit-il qui le nourrit, et il est sans pitié. »
« Ecrire n’épuise pas ce qu’il puise, c’est momentanément, et la substance vivante se reformera, comme remonte l’eau du puits, appelée par lui, Ecrire. »
« Ecrire a un problème : le langage. Ecrire doit avec les mots de la tribu faire apparaître, surgir, entendre, exister, lancer à la traverse du vivant parlant ce que la musique, la peinture, la danse, lancent à travers lui sans les mots. »
« Ecrire n’aime pas composer. Il aime monter. »
Christiane Veschambre, Ecrire.Un caractère (éd. Isabelle Sauvage)