Il y avait un mot dans l’obscurité. Minuscule. Ignoré. Il martelait dans l’obscurité. Il martelait dans le socle de l’eau. Du fond du temps, il martelait. Contre le mur. Un mot. Dans l’obscurité. Qui m’appelait.
Qu’as-tu fait des mots ? Quels comptes rendras-tu de ces voyelles d’un bleu si paisible ? Et que leur diras-tu des consonnes, qui brûlent entre l’éclat des oranges et le soleil des chevaux ? Que leur diras-tu, quand ils s’inquiéteront auprès de toi des minuscules semences qu’ils t’avaient confiées ? (MATIÈRE SOLAIRE)
Même le plus friable des mots a des racines dans le soleil comme le matin des barques sur la mer.
Le jour net comme un parvis désert,
l’horloge arrêtée,
les marches par où le soleil monte au regard –
ce qui manque: un oiseau qui chante quelque part. (LE POIDS DE L’OMBRE)
Je vis maintenant plus près du soleil
Je vis maintenant plus près du soleil, les amis ne connaissent pas le chemin: il est bon d’être ainsi, à personne, dans les hautes branches, frère
de la chanson libre de l’oiseau de passage, reflet d’un reflet, contemporain
de n’importe quel regard de surprise,
seulement ce va et vient des marées, ardeur pétrie d’oubli, douce poussière à fleur de l’écume, et seulement cela.
(BLANC SUR BLANC)