Le coude du poème
Le poème, pin tortueux strié de rides d’encre où le vent ruisselle.
Le vent du poème traverse le tronc coudé, caresse l’entaille des rochers.
Parcours de blocs anguleux
Les lignes cassées jusqu’à l’oeil jaune du noeud
Dans la renverse du paysage, dans le vieillissement d’ambre,
La lumière de sépia bruni.
Le poème tire les lianes qui pendent des anfractuosités,
Emporte les pensées d’ombre par-delà l’extrémité des branches
Jusqu’aux cimes, aux lignes de crête des montagnes
Ciel de peau d’orange vive et de rose terni
Danse de flétrissures grises sur la verdure des vêpres.
Le poème accède aux esprits du lieu, aux présences spectrales,
Aux liserés charbon sous la crème d’ocre et le beige bombé.
Le poème recherche la sève jaunie sous les salissures du temps.
Le courant d’ange d’onde sinue entre les mots à venir
Drapés dans les plis d’interrogation du daïmon.