« […] ce qui est toujours devant nous,
c’est une surface qui descend
ou un fond qui remonte. »
Jean-Christophe Bailly, L’imagement

Avant de se retirer en marée d’éternité, les vagues impriment leur souplesse sur le sable mouillé. Brassant d’invisibles engrammes au plancton phosphorescent, elles poursuivent leur chemin marin, se fondent dans la masse mouvante de la mémoire, descendent dans les abysses où sur d’anciennes épaves passeront les naufrages à venir.

Le vent sculpte le  relief de neige dont le regard ne perçoit qu’un crénelage de flocons précieux. Les lignes hiéroglyphiques se déplacent à la vitesse d’un oiseau entre la cime de deux mélèzes, à celle d’un lièvre variable entre deux rochers.

Dans le flux des constellations qu’elle interrompt, une image fraye sa césure. Capte l’attention pour réorienter la pensée vers d’autres strates où s’agrègent les copeaux de quelque souvenir étoilé.

Drapé des courbes éphémères d’un tissu La soie efface les éclairs des mouvements Dissimule dans l’ombre glissante des creux Les secrets satinés et vains des regrets. Furtif le temps frôle les espoirs La moire éteinte ne luit plus Que sur les sourires figés de photos A jamais rattachées aux jours révolus.