Il y a 30 ans presque jour pour jour, six bonshommes assemblaient dans la cave de Fontfourane le premier numéro de la revue Gros Textes sous-titrée à l’époque « carnet d’écriture et de graphisme ». La couverture était une sérigraphie de Sylvain Chouquet. Les six gars s’étaient connus quelques années plus tôt à l’école normale de Digne. Ce numéro 1 avait pour épigraphe un aphorisme de Louis Scutenaire «J’ai quelque chose à dire et c’est très court. »
J’avais écrit l’édito : « Écrire comme nous faisons, oblique et transversal, c’est peut-être
simplement la façon pour nous de devenir un peu plus ce que nous sommes : des synthèses d’urgence et de patience. Nous serons brefs… Notre revue ne sera jamais qu’un tout petit lopin de terre perdu dans l’immensité littéraire, nous serons les apôtres de la concision et des genres qui s’y rattachent… bref, la revue de ceux qui n’ont pas que ça à faire, qui ont petit lopin de terre à retourner. »
À la fin on lisait ce poème de Dominique Oury :
Pages…
Traces de pages
Seule sur la neige
Une main d’oiseau
Supporte le livre
Cherche les yeux la page
Pose son regard
Sur des lettres sans poids
Et se retire
Vite
En glissant sur la pente
La tête renversée
Étendue sur les pas
Pages…