Bon pour accord de Claire Rengade, éd. La Boucherie Littéraire.
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Le truc de Claire Rengade, c’est de refaire le monde, de tout revoir de cette chose qu’on appelle le réel avec les objets, les métiers, les sentiments, les paysages, les relations, le langage. On n’adhère pas bien à tout ça alors on va chercher ailleurs, une autre adhésion, on va chercher d’autres évidences, une autre transparence, une transparence en morceaux disjoints mais ça colle quand même, c’est l’essentiel, ça tient debout. L’équerre, elle ne connaît pas bien Claire ou alors elle s’en sert de compas. Ce sont des mots ordinaires toujours, des images directes en surface, mais on sent bien qu’en dessous ça bouillonne, il y a du courant, très fort dans les profondeurs. Ceci dit dans les profondeurs on n’est pas obligé d’y aller. On n’y va pas, ou alors on y va mais avec une corde. Ce sont les formules simples qui montrent le plus de choses. On navigue dans du tourbillon. C’est nerveux cette parole, c’est charnu. On voit aussi l’architecture, enfin à peu près, on la voit mais floue. Tu la vois toi l’architecture de ton être profond ? Non tu ne la vois pas ! Alors ! De toute façon l’important c’est que ça tienne non ?
« Ça braille dans l’os ça lit dans les doigts
J’entends dedans ce que tu touches
La bestiole c’est moi
N’importe quelle matière je me courbe
Je me mute en n’importe quoi »
Le langage apparaît comme une pensée puzzle. Tu veux jouer ? Évidemment que tu veux jouer puisque tu es arrivé jusqu’ici. Tu vas donc mettre un peu d’huile dans les replis de ton cerveau. Enfin je conseille – oui je c’est moi Yves Artufel, on sait plus qui parle ici. C’est que ça tumulte fort, ça s’attire dans le salon et puis ça reflue. Mais on peut faire des réclamations. C’est ça qui est bien avec Claire Rengade, on peut toujours faire des réclamations. Elle fournit tous les formulaires qu’on veut, elle en a plein des formulaires. Du fluide, de l’ondulatoire. Tu veux de la mélodie ? Elle te trouve la machine adéquate. Tu veux de l’adéquation ? Bon là faut pas pousser non plus. C’est ça, elle n’a pas de limites cette femme. Une pensée en colimaçon ou en courbe engendrée par enroulement sur un cylindre de révolution d’une droite oblique par rapport à un axe si tu préfères. De toute façon c’est pas symétrique, alors te fais pas chier à mesurer non plus. Non, mets-toi sur le dos et chante. Et puis tu vois bien que le réel n’est déjà plus le même après le premier couplet dès que t’arrives au refrain. Donc lisez Claire Rengade (cqfd).
« L’arrière-pays c’est tellement
chacun il faut se perdre
les souvenirs c’est une troupe armée
les excès ils font des collections dans ma tête. »