Nous, feux de bois au bord des prés en pente du poème,
la pointe de nos crayons dans les hautes herbes
dessine une piste, un passage entre les feuilles ou les étoiles
où les gouffres prennent forme.
Et c’est là que l’on s’applique à mastiquer
toujours le même refrain rassurant.

*

Nous qui avons mordu dans la vie
sans lui faire trop de mal,
avec cette douceur gênée d’amant timide,
agitons nos chaînes
sans trop déranger.

*

Nous qui avions cru porter la voix des autres
dans nos écrits de pattes d’oiseaux,
nous savions si peu ce que nous cherchions
que les autres
d’un coup d’aile
sont passés
sans nous voir.