La présence de Bruno Sourdin, éd. Le Contentieux.

Il y a peut-être quelqu’un dans ce recueil. Il faut dire que sur la forme cette présence est discrète, des vers d’un mot, de deux maxi, et courts les mots, rarement plus de deux syllabes.

C’est que cette présence est fragile comme le bonheur qui lui aussi va souvent vite à la ligne.

Oui il y a sûrement quelqu’un puisque ça se met à trembler ou à pleurer. Sans raison. Les mots sont au vestiaire. Pendus au cintre du ciel. Ainsi le ciel peut entrer en nous, sans nous ou hors de nous, dans l’autre, dans les autres, dans une autre vie.
Il y a aussi peut-être quelque chose mais si proche de rien et pourtant c’est la chose, c’est bien la chose. On se sent minuscule au milieu des étoiles, c’est à peine si on se sent, on cherche la paix dans le vent joyeux, nos paroles ne comptent pas plus que ces nuages qui passent et se perdent, ne vont nulle part, seule la route reste, seulement nulle part, c’est-à-dire partout, tourbillon de poussière, il y a quelqu’un qui marche dans la rue, ça j’en suis sûr. Il ne veut pas mourir, il veut rester encore dans ce tourbillon de poussière, il pose son pied sur le silence et cherche au ciel une étoile mais il a oublié pour quoi faire. Ça c’est con.

« tantôt / homme / tantôt papillon // je m’endors / tantôt / homme / tantôt papillon // homme / ou papillon // je me réveille / tantôt / homme / tantôt papillon // homme / ou papillon // homme / ou papillon / j’ai oublié »