Ce qu’il dit ou rien…
Il dit qu’il faudrait redistribuer les cartes,
déplacer les meubles et changer le décor,
retrouver dans des yeux de chat
la profondeur de nos nuits blanches,
redire en mieux ce que l’on n’a pas bien su dire
car nous étions trop essoufflés sur cette côte.
Dans l’effort on fait triste figure croyez-moi.
On recompte les années, nulle ne manque à l’appel.
On se repasse les soirs d’orage, les maladresses
comme des oiseaux sous la mitraille.
Il dit qu’il rêve d’un ciel pur, de ces verts paradis
que promirent les poèmes de l’ancien temps.
Il dit aussi le limon flou de l’avenir,
que plus rien ne le gêne,
ni le cœur ni les pavés,
ni sa poésie qui se délite,
ni les lettres inachevées, leurs mèches folles,
leurs ailes d’anges égarés
dans l’évangile des ferveurs fragiles.
Il dit encore qu’on devrait savourer
les dessins à peine ébauchés,
la délicate beauté de nos erreurs.
Il dit enfin qu’une lointaine montagne
nous rapproche.
Mais il n’en est pas sûr.