J’ai retrouvé quelques notes dans un vieux cahier. Je me souviens avoir croisé il y a presque 30 ans les lignes d’un auteur nommé Christophe Beltzung. Une plaquette certainement introuvable aujourd’hui avait pour titre « Une trajective » aux éditions Vent Terral (Tarn). Cet auteur ne savait ni lire, ni écrire, ni compter. Diagnostiqué déficient mental, ses parents recopiaient ses mots. C’était des aphorismes lapidaires. Il s’en dégageait une sorte de sagesse pataugeant dans un étonnement tranquille, une lucidité en équilibre fragile.

« Il faut laisser rêver les gens, il faut les réduire en lumière.

Quand Dieu a inventé la poudre aux yeux, il s’est demandé pourquoi.

Et pourquoi Dieu a créé l’espoir ? Vous le saurez demain.

Pan ! Les mains en l’air ! Je crois que cette phrase est un peu verticale.

On n’est pas arrivé au bout de la route, disait Dieu. Arriver, ça veut dire reculer à l’envers.

– Tu sais ce qu’il y a là-haut dans le ciel ?
– Une rupture de pensée.

Je ne dis pas le contraire de ce qu’il ne faut pas dire.

Le silence est dans l’ombre et qu’est-ce qu’il fait ? Il hurle.

Tiens, la brosse à récurer le temps est au fond du ciel. »

 

Je me souviens aussi de France Léa dans la foulée.