Revient parfois ce point où nous cherchons à comprendre à quoi nous occupons nos jours. L’impossible nous aimante, une aimable folie borde nos pensées et nous faisons n’importe quoi. On dessine des formes dans le sable humide, on se compose un visage, une écharpe rouge autour du cou. On part marcher au hasard avec son chien. Au bout du chemin de pierres, on s’allonge dans l’herbe et l’on regarde vers la vallée, le ruban de la route, celui de la rivière, le rond du lac, le bleu, le gris, le vert et dans le ciel le temps qui fuit, l’oiseau qu’on ne voit pas, porteur de messages à l’inconnu. On sent la terre et l’on fredonne une chanson que l’on connaissait jadis par cœur et dont on a oublié les paroles. On se souvient qu’elles calmaient les peines ces paroles apaisantes, atténuaient la violence du monde autour. On lance un bâton pour le bonheur du chien. On sait qu’il faudra encore le lancer de nombreuses fois lorsqu’il l’aura rapporté. On est bien.
« Je voudrais d’éternelles chutes de feuilles
L’amour en un sanglot, un sourire léger
Comme on fait entre ses doigts glisser des herbes… »