En 2007, j’organisais au printemps dans mon village un festival littéraire intitulé L’ivresse des livres et cette année-là l’invité vedette était Hubert Mingarelli. Je me souviens d’un homme qui paraissait fragile et distant. Dans un premier temps, on avait eu beaucoup de mal à communiquer avec lui. Arrivé en début d’après-midi alors qu’il ne devait intervenir qu’à 18 heures, il avait passé des heures assis sur une pierre en bordure de la place du village à contempler les montagnes. J’étais allé à plusieurs reprises lui demander s’il souhaitait boire ou manger quelque chose, l’objectif étant en fait qu’il vienne se joindre à nous, mais il répondait par la négative. Je craignais le pire pour la rencontre. Or étant prévenu, j’avais pris soin d’inviter un maximum de personnes du village à lire ses ouvrages, si bien que les questions qui lui furent posées l’ont mis en confiance et Hubert Mingarelli s’est révélé ensuite un invité presque joyeux, en tout cas donnant l’impression d’être content de se trouver parmi nous et tout à fait passionnant. Je me souviens de son sourire lorsqu’il nous a dit au revoir.

Hubert Mingarelli est mort dimanche dernier.

 « Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu’il avait attrapé des truites bleues à la main.
Je fermai les yeux.
Une rivière verte et des truites bleues. »

« Chacun s’invente une façon de comprendre. Moi je regarde par la fenêtre, comme si les mystères habitaient dehors. Je regarde longtemps, sans rien fixer de précis, mais au bout d’un moment, je renonce à chercher. Alors je prends conscience de ce que mes yeux voient vraiment. »

(La photo est de Michel Durigneux, merveilleux photographe qui, s’il n’immortalise pas les auteurs, semble en restituer une profonde vérité des visages. Salut Michel !)

A l’ivresse des livres, il y avait toujours une place de choix pour la chanson. Il me semble que cette année-là nous recevions Jeanne Garraud.