Le chemin des livres passe entre l’air et l’eau

Cette nuit-là j’avais planté ma tente
dans les ruines d’un château
entouré de grands sapins sombres
et de pluie                 seul
avec Rimbaud qui à la lampe me disait
« Ne t’en fais pas pour la jambe de la mort
Va-t’en donc nager dans le lent rêve des livres
Tu n’auras pas marché pour rien dans ta confiance
Le vieux drap remonté sur les brumes d’angoisse. »
J’ai vu alors comme pour la première fois
la barque des années qui glissait silencieuse
la grande route, le carnaval, les panneaux
de direction, le terminus de l’insolence
le cerveau frétillant comme un poisson qui vient
de sauter sur la terre et condamné à y crever.
Putain d’air pur.