Il a si peu à dire (au fond) qu’il se met à pleuvoir

Il contemple tous les livres.
Il s’oublie dans une forêt de sapins sombres.

Il voudrait bien poser le masque,
se dit qu’il a si peu à dire
qu’il se sent disparaître
au sein d’un peuple affairé dans ses lectures
ses peines et son confort
les travaux des jours et les devoirs des enfants.
C’est le grand incendie de la vie
qui vole dans les pages de nos carnets troués.

On croirait une farce.
Et lui d’avoir si peu à dire,
emporté par le flot des arbres,
il va se reposer sans se soucier du monde
et faire rouler l’éternité entre ses doigts,
bien garder sa part de possibles dans un coffre.
On peut jouer se foutant de gagner ou perdre,
partir en sifflotant dans des rues inconnues.

Il pleut !
On n’a rien à faire que regarder les livres
pêle-mêle, piles de livres, l’eau sur les yeux,
et se dire
que l’on a
si peu à dire
que ce soir
c’est la pluie
qui tirera
le rideau
noir.