Je ne me souviens pas d’Edmond Vandercammen

je ne me souviens pas qu’il soit mort un 5 mai comme mon père, mais lui c’était en 1980. Les numéros de téléphone n’avaient que 8 chiffres à l’époque, ça je m’en souviens mais je ne me souviens pas qu’il ait reçu le prix de Poésie des Biennales de Knokke-le-Zoute. Je ne me souviens pas qu’il ait fondé le journal des poètes en 1931 avec Pierre Bourgeois, Maurice Carême, Georges Linze, Norge et Pierre-Louis Flouquet. Je ne me souviens pas qu’un banc porte son nom à Ohain, sa ville natale et que sur ce banc est inscrit « Engrange les clartés du ciel ». Je ne me souviens pas de ce poème publié peu après sa mort dans la revue « Le temps parallèle » :
SOLITUDE
Solitude, tristesse de mon âge,
Je te parle à voix basse
Pour ne pas effrayer
Mes réserves d’années
Où vont mes pas chargés de trop d’espace.
Voici que j’apprends de mémoire folle
Les derniers mouvements de l’écriture,
Ceux qui repoussent en vain l’avenir
Où palissent les couleurs de l’automne
Servantes du silence des ailleurs.
Tout devient ralentissement
Et mes amours elles-mêmes
Effacent leurs voyelles les plus tendres.
Maintenant, l’ultime frontière
Est à franchir, mais tous les passeports
Hélas ! demeurent périmés.
Un songe encore m’oblige à fouiller
D’inutiles bagages !