Le flambeau des allongés

Et voilà que la nuit, la belle indifférente, nous apporte
tout ce qui dort et rêve en ses replis de draps,
le lisse et l’enroulé, la pyramide des sens,
le chant lointain de la marée,
la trace et le point, la beauté qui passe,
l’odeur de l’air en ce jardin à l’ouverture des graines,
le graffiti à la lucarne du désir qui se redresse,
le bâton qu’on lance au chien pour jouer au retour
de l’éternel émerveillé et du peu de parole,
c’est bien t’es un bon chien.

Tu peux reprendre le flambeau des allongés,
tous tes membres déposés à la consigne des gares,
la longue marche vers le repos, les labyrinthes de nos mains
qui ramènent parfois leur panier de caresses,
les cinq mousquetaires des randonnées stellaires
sur le seuil des chambres en lisière de peau.
Et maintenant le corps s’éveille au chant d’oiseau
au chant de vague dans l’hésitation du souffle,
l’inspiration se fait attendre en des saccades de mécanique,
cette langueur des soirs d’été à la fenêtre des forêts.

Ton corps a pris place au soleil des peut-être,
des hypothèses de fruits mûrs aux branches,
ton corps est un bon chien qui ramène toujours
un os à ronger avec assez de musique autour.