Les demeures paisibles
J’ai descendu la charpente en rappel, les formes distinguées
en glissade jusqu’à l’évidence d’une table paysanne
dont le bois a gardé l’empreinte de paroles pauvres.
Dans ces mots ne nichent point le luxe délicat
de décors raffinés, cette pointe de style
d’obscures et savantes torsions de la syntaxe.
J’ai enfoui ma tête au profond de la terre
pour ramener des mots parés de chiffons sales
de pavés sous la pluie fine des boulevards.
Elle vogue sur un tapis de feuilles mortes
la banquise des espérances, l’assiette de soupe chaude.
Je ramène la bouteille au midi de nos passions, de nos maladresses.
Encore à minuit, j’irai tout au bout du jardin
m’assoir à la table et ressasser le bon feu de votre assurance
à dire les parfums des étés, la finalité du poème
qui pénètre la peau et sa fragilité
la voix qui réconforte, le frisson, l’imposture
l’avant-goût d’un mensonge, la nuée lumineuse.