Les chambres où nous avons dormi dans des pays d’autrefois
sont des ruisseaux à nos lèvres. Nous n’avons rien retenu.
Les voix ont coulé vers la mer avec les néons pâles.
Aujourd’hui, on recherche l’épure. On crie beaucoup moins fort.
On passe à travers la foule sans vraiment songer à ces vies
qui pavent le chemin. On compile des abandons.
On dépose un baiser sur l’ancienne blessure.
On lit ses poèmes dans d’aimables soirées
où quelques murmures d’approbation complice
s’en iront demain sécher entre les draps blancs
sur l’étagère en bas de la très vieille armoire.
Des chambres où nous avons dormi, nous reviennent
quelques braises, les notes lointaines du piano dans le couloir
les étoffes parfumées que veillent des fantômes de papier.