Les drôles de types

Très loin, pareil aux morts qui traversent l’écran
on protège ses doigts engourdis par le froid.
Le soir tombe avec langueur, on parle doucement.
C’est ici que le monde de demain prend racine
sur les berges d’une rivière égarée
les hommes protègent des amours en lambeaux
songeant à l’horoscope qu’ils ont consulté
au dernier confluent de la mémoire, ils rient.
Une lampe allumée près d’un lac leur raconte
des histoires de comètes immobiles, on entend
grincer le ciel noir derrière d’épais volets.
Je sais que je suis de ceux-là qui contemplent
leur chair s’écouler comme un envol de flamants roses.
Les signes des amis ne manqueront jamais.
Un poète dit qu’il voudrait coudre des oiseaux à leur sourire.
À la terrasse du grand ciel vide
quelqu’un écrit qu’il fait bon vivre
n’ayant joué qu’une seule note
dans une musique sans fin