Je me souviens à peine de Philippe Forcioli, quelques chansons sur des cassettes, quelques vidéos sur youtube, un recueil autoédité « Philippe Forcioli chante et dit, poèmes et chansons 1971-1986 » auquel je trouvais un côté un peu trop mystique catho pour moi, mais la présence entre les lignes de Joseph Delteil ou René-Guy Cadou me rassurait et m’enchantait : «bonjour je t’écris parce que c’est matin parce que c’est printemps qui vient parce que c’est du vent dans mes veines et grande veine d’être vie-vent je t’écris parce que c’est vert parce que c’est tout vert parce que c’est tout ouvert parce que c’est tout blanc voici les sons des songes des soifs des sangs des sexes et des prières / dis / tu comprends / l’urgence / de / CHAQUE SECONDE ».
Au final, c’était un discret, un de la marge, de l’inclassable, de la chanson poème bien lissée, sans concession, chargée de douceur et d’humanité à la Saint François d’Assise, le genre de catho avec lequel j’aurais eu plaisir à partager le verre de vin. Trop tard. Il est parti le 16 février :
« je m’en vais tout au bout
de ma vie de bohème
un poème à genoux
sera mon chrysanthème
ma mémoire est un grand labour
des pas sonores de ceux qui sèment
il ne restera de nous
qu’une poignée de sable
le souvenir très doux
des heures passées à table
à partager le pain d’amour
et des paroles comme cascades »