Que reste-t-il au fond du sac ?
Que reste-t-il au fond du sac ?
Deux ou trois baisers de lune un beau soir d’été,
des papiers effacés ou rendus illisibles
intentionnellement, ne jamais revenir,
le courant du torrent, l’obstination limpide,
la résistance aux doutes et le goût du bonheur
dans son balancement d’étoiles une nuit
quand on hésite tant à parler qu’à se taire,
qu’on se dit qu’il faudrait un jour être plus fort,
congédier la marchande de larmes et renaître
à même la source et la trace furtive du chamois,
les vignes bleues et les vols des vautours, les lèvres,
l’ombre qui invite à se poser un moment
au cœur de la beauté sur un tas de cailloux
que des ancêtres ont jeté là comme on s’oublie
comme le tatouage des pentes abruptes.
Quelque part, c’est quelqu’un qui respire profond,
noyau de pêche ou d’abricot dans la poitrine.
On reconnaît sa voix étrange et maladroite,
les mots qui s’étranglent sans être prononcés,
quelqu’un qui s’emmêle les doigts dans le désordre
des sentiments, la solitude et la saveur
des espérances, même ténues, même étroites.