Tous les cheveux des femmes qui sont mortes…
De longs cheveux aussi que l’on pourrait cueillir
Au balcon des atermoiements, de longs cheveux
Aux teintes étrangères, ils sont là bien vivants
De cette vie qu’on ne voit que dans les poèmes.
J’ai cru les reconnaître au milieu d’une phrase
Sur une passante, une qui s’en allait
À vol d’oiseau, une marelle dessinée
À la craie sur le sol, effacée par l’orage.
Un seul pas furtif dans l’espace interdit
Puis l’inconnue s’en retourne à sa transparence
Pour encore mille ans, on ne sait plus compter
La turbine des songes a dévoré les nombres.
Vos cheveux trembleront toute une éternité
Aux branches des arbres de toutes les forêts
À la poussière que charrie le vent du sud
Aux carreaux des fenêtres, aux clochers des églises
À la fumée des cheminées qui fait douter
Parfois de la grande clarté des ciels d’hiver.
Vos cheveux dans le ciel, vos cheveux se font cendres
Et nous rappellent la douce langueur du vent.