j’ai lu ce livre paru aux éditions le clos jouve ( http://www.editions-leclosjouve.org/all_page.asp?page=62&article=180  )

Ici, l’univers se fait mouvant, et même troué de toutes parts. C’est un vrai gruyère ces quatre-vingt histoires de mondes bancals, de réels incertains. Ici toutes les prises que la raison met d’ordinaire à notre disposition se révèlent friables, instables. Ici, on retombe à tous les coups sur le cul mais on ne se fait jamais mal. Non, on sourit simplement. Il faut dire que dans nos vies on ne regarde que rarement au bon endroit, le détail qui s’avère primordial n’était pas dans notre champ de vision, nous étions passés à côté. Le constat est sans appel : nous ne savons pas grand-chose. L’inconnu règne en maître et, comme les saumons, nous n’avons plus qu’à nous fier à notre instinct pour remonter le courant. Et bien oui, c’est comme ça, l’auteur fait avec. Il nous décrit les poches d’incertitude, les paradoxes, les déséquilibres, les rapprochements improbables tels des dossiers classés «secret défense» mais au final somme toute assez ordinaires. Il me fait penser à un lointain cousin de Michaux, Tardieu et de celles et ceux qui flirtent malicieusement avec l’absurde et l’insolite voire la pataphysique et ses replis de profondeur cocasse dans un élan poétique qui m’a toujours ravi.

« Rue Pouteau

Tout à l’heure, rue Pouteau, j’ai encore vu des pigeons monter les escaliers en sautant laborieusement d’une marche à l’autre, et j’ai eu de la peine pour eux. Ensuite j’ai eu, pendant un bref instant, de la peine pour nous tous. Y compris pour les escaliers, ces êtres si désespérément tiraillés entre le haut et le bas. »