J’ai ce soir sur le cœur un chemin sillonné
il y a quelque temps il n’y a pas longtemps
un peu trainant la patte, étonné d’être là
comme ces chiens de nuit qui s’égarent toujours
en sifflotant leurs doutes aux caniveaux de l’âme
Au nom des chambres de commerce
et des routes abandonnées*
j’ai marché tout le jour ces deux vers dans la tête
puis à chaque fontaine je les ai récités
je dis tout est fontaine à qui a soif de dire
les routes, les chambres, les hôtels terrains vagues
ce qui donne à penser qui invite au silence
la poésie vit sur les quais
à décharger l’indéchiffrable
à soulever des graines d’astres
trouver l’autre face des cimes
percer des veines anonymes
je fais un tour du doux manège
j’ai ton prénom sous la paupière
il faut que je vienne te voir
depuis toujours


(*Louis Brauquier)