Le paysage à la fenêtre de Jubien est aussi grave que léger. C’est un oisillon mort. C’est sûr que la vie des oisillons n’est pas facile avec tous ces chats dans les pages. Mais bon puisqu’ils sont là les chats, il faut bien leur donner un peu de lait. Ce monde est aussi doux que désolant.

La poésie à la fenêtre de Jubien est un accélérateur conducteur de particules de vie : « Dix ans d’études / trente ans de boîte / mille employés puis la retraite. // Six mois plus tard / c’est une main tremblante / qui donne au chat son lait / à la tombée du soir ». Qu’est-ce que je vous disais ?

C’est aussi un révélateur de particules de joie même quand on n’a plus rien tel cet enfant dont la maison a brûlé et qui joue au soleil avec un chat perdu (encore un), le chômeur qui, à sa fenêtre, laisse flotter le drapeau tricolore bien après le Mondial (combien en avons-nous vu ?), le vent qui fait danser les fleurs de pissenlits à 11 h 11 sur un air de jazz qui passe à la radio, le moine qui se croit seul sur son île mais découvre un caillou dans sa chaussette.

Dans le monde de Jubien, la place du poète ne saurait être que sur un banc à côté d’un clochard avec l’oiseau, le chat et les autres hommes. Le poète n’a plus qu’à poser la foule de questions que génère cette nécessaire cohabitation et restituer au mieux les réponses spontanées, fondamentales ou dérisoires au fond peu importe, qui surgissent.

Why ?

Le chat a tué l’oiseau
à coup de griffes

à coup de bâton
un homme a tué le chat

pleurons le chat
l’oiseau et l’homme

et levons notre poing
vers le soleil qui brille !

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