de Didier Trumeau

Une note de lecture de Patrice Maltaverne que je remercie…

Publié par les Éditions Gros Textes, « Ballade de 1 ou le compte est bon », de Didier Trumeau, est un texte ancien, qui est « paru au milieu des années 80 en feuilleton plus ou moins mensuel dans la revue indépendante L’Echo and Co », comme indiqué en fin de volume.

En lisant « Ballade de 1 ou le compte est bon », j’ai été saisi par l’inventivité de ce feuilleton complètement foutraque, qui s’étend sur cent pages et est parcouru de jeux de mots, mais pas que. Bref, ce texte est poétique par nature.
Il y est question de tout, et surtout de la fin du monde pour tout le monde.
La principale particularité de « Ballade de 1 ou le compte est bon » est que, la plupart du temps, ces personnages sont des chiffres.
Ainsi, l’histoire démarre avec le numéro 1, et, à chaque nouveau numéro, correspond une nouvelle histoire.

Ce qui est drôle, surtout, c’est qu’au début, la progression des numéros est croissante. Et puis peu à peu s’installe l’anarchie. C’est le mélange complet des nombres.

Ce qui est moins drôle, c’est que cette histoire de fin de monde est de moins en moins drôle, au fur et à mesure des pages. Le lecteur y découvre une préoccupation, d’ailleurs constante, dans les textes de Didier Trumeau. Celle du temps qui passe, et du temps qui se décompte.

Et quand l’échéance approche, il n’y a plus du tout de numéros de personnages et voilà ce qu’on peut lire :

« Les regards sont tournés, qui vers le ciel, qui vers la terre, qui vers les points cardinaux indéfinissables, les dieux magnétisant l’attention pour saisir l’ultime millième de seconde ou cessera ce qui est perceptible, concret et même simplement concevable. D’autres ferment les yeux ou, portent des lunettes de soleil malgré le fait que la lumière qui règne partout sur Terre est douce, que le soleil est directement éteint pour ne pas distraire la vigilance du public. Certains ferment leurs oreilles pour éviter le vacarme infernal que fera la cessation de toute activité. Personne ne fait comme personne et il est intéressant de constater qu’une espèce qui a tout fait pour s’uniformiser, s’unir ou se rassembler, soit maintenant aussi disparate, aussi dissemblable, comme si l’unicité de chacun apparaissait enfin révélée par l’imparable implacable. Comme si les tripes, le cœur, le cerveau de l’homme n’étaient plus cachés par le rideau de la peau, des muscles, de la chair. »

L’illustration de la première de couverture est un collage de l’auteur.
Si vous souhaitez en savoir plus sur « Ballade de un ou le compte est bon », de Didier Trumeau, qui est vendu au prix de 7 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur :
https://grostextes.fr/publication/ballade-de-1-ou-le-compte-est-bon/