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C’est Pupille qui observe le trou. C’est noir et au fond ça grouille. Les mandibules creusent, tailladent aigu, et le Fou gémit. Bestiole bouffe l’intérieur de la tête, creuse l’os, griffe. Le fou rigole. Le deuxième homme, douleur muette, – simple figurant ?- en pince pour Pupille. Bestiole a mangé la parole, craquement du plancher. Les choses ne sont pas simples quand chacun se met à dévorer son prochain. Pupille prend sa tête dans ses mains. On dirait le cri de Munch. On entend craquer des os. Les nerfs craquent aussi parce que ça fout les jetons ces histoires. On se croirait quelque part entre Stephen King et Lovecraft, vampires et zombies à l’appel. Le moi Pupille se perd, se rattrape au bord du précipice de parole, se dédouble et fleurte avec la folie. Le fou est jaloux. Angoissante incertitude, l’impossible prend les rênes du récit, la faille s’insinue jusque dans la syntaxe, la chair, les sexes, ça langage tout ça, et langage prolonge l’illusion des sens, leur dérèglement. Le problème est toujours là, soit poésie dérègle les sens, soit la réalité est régie par des lois inconnues de nous, du moi Pupille qui voit le trou. Le fantastique, tendance gore ici, se niche dans cette hésitation, ce balancement. On n’en sort pas, « Pupille rien / voudrait que ça finisse / mais RIEN / ne finit pas. » Alors tout recommence comme dans ces films d’horreur, ça hurle la gangrène, et trou dans la peau et lame de rasoir et FLASH la nuit. « Parois effondrées sur le sol / l’illusion reste : / verticale. / Pupille pâle mais flash encore / se raconte n’importe quoi / annexe un cas particulier / des horizons sur lignes claires / un champ de fleurs / des amandiers :… / Mais rien ne tient dans les images. / Pupille la pensée s’effondre / retour aux doutes. /  Bestiole et froid. / Et toute la nuit:/ dérive. »

À la fin Pupille va rejoindre Bestiole. On ne s’y attendait pas. « Écrire reste inachevé. »