Ce pouvait être un feu de camp
mais les allumettes étaient mouillées
Puis vient le soir d’été entre sable et rochers,
Le temps qui se dilate
quand on entend chanter les vagues.
C’est la mer à nos pieds,
Cette langueur toujours recommencée.
Les enfants laissent traîner des cris perçants
de joie, de jeux et de ballons. Ils ont collé
le timbre du bonheur en haut de l’enveloppe
même si le facteur ne passera jamais.
On pose un doigt sur l’instant précieux
en écoutant craquer le vent
contre ce cœur qui tape
et s’invente un visage.
On déblaie les gravats.
On converse entre amis
sans vraiment trop chercher tous les mots importants
pour dire aux étoiles de veiller sur l’instant,
sur les vieilles images, la maison près du port,
barques abandonnées qui disent qu’on pourrait
stopper là le poème,
que la répétition nous guette.
L’horizon va se fondre avec la nuit qui vient
qu’on est seul à guetter,
une ville au lointain, le reflet d’un désir,
la tête des poissons
qu’enfant j’allais pêcher
dans les replis de l’onde.
On repousse tant qu’on peut l’heure de rentrer.
On touche tendrement le bois pourri des barques
à l’heure où les pensées se diluent dans l’eau trouble.
Nous marchons sur la plage entre sable et rocher
tout seul à tout jamais.