Voilà vos noms abandonnés au dos des livres
qu’on lisait allongés à l’ombre du poirier
il y avait là tout ce qu’on n’osait pas dire
dans ces pages chargées d’une foi sans promesse
l’arsenal des herbes folles que l’on envie
tandis qu’un chant sacré franchit notre clôture
il vient finir à vos côtés sur l’étagère
imprégnée de toiles d’araignées de poussière
de fragments de vie d’homme parce qu’il faut bien vivre
toujours un peu bancals pas vraiment sur les rails
de la voie de chemin de fer qu’on regardait
intensément en attendant l’étrange train
d’un départ qui a explosé dans la rythmique
d’une comptine qui nous racontait les contrastes
le refrain d’enfance complètement absurde
qu’on aimerait par-dessus tout se rappeler.
Une souris délavée
Tombe dans l’océan
Monte sur la charrette
Et chante à tue-tête
La coccinelle prie
Le bon dieu des mulets
La tempête menace
La sentinelle veille
On chante dans les vagues
Se tenant par le bras
C’est ça le paradis
La souris nous l’a dit
Le diable a des tympans
Mais il n’entend pas bien
L’oiseau siffle pour rien
Son solfège vivant
Sifflons fort avec lui
Répète la souris.
* Fernando Pessoa