Je ne me souviens pas de Denys-Louis Colaux. Lorsque j’ai appris sa mort, j’étais à Sète au festival de poésie en juillet l’année dernière. Je ne suis pas sûr d’avoir lu un recueil de lui mais je sais que j’aimais bien le lire dans des revues. J’avais recopié ce poème (issu de quel recueil ou de quelle revue? Je ne l’ai pas noté) sur un carnet qui me servait il y a quelques années à l’animation d’ateliers d’écriture :
« La poésie est ma maison
bien que je n’en possède pas la clef
mon bungalow aux cent rideaux tirés
ma caravane de quatre boussoles

La baleine d’eau douce qui m’héberge
et porte à son front
fiché comme un harpon
le pavillon noir que je n’ai pas baissé
mais dont j’ai quelquefois
rapiécé l’étoffe

c’est ma coquille de petit prophète
mon bouge où les fautes font fête
c’est le cloître de mon harem »

Tout à l’heure en faisant du rangement sur les étagères de l’atelier Gros Textes, 3 anciennes plaquettes (polders d’antan) sont tombées par terre, Armand Olivennes, José Galdo (je ne me souviens pas d’eux non plus) et « La baleine morte » de Denys-Louis Colaux, polder 76, 1994. Quand on ouvre au pli central aux agrafes qui séparent les deux parties de la plaquette, sur la page de droite c’est comme un signe de la main que de très loin nous adresse l’auteur qui semble nous donner de nos nouvelles :
« Je suis à l’autre bout du monde
et je décris
l’orée
de l’infini
  une fleur de juillet
  barricade l’alcôve
Cher compagnons tout est infime
tout est patience qui s’éloigne
un grain bleu forme la lumière
hier revient à la rivière
et deux jambes de femme
à quoi Dieu calmement s’accoude
flambent dans l’aurore gothique
Je ne veux pas choisir
   je suis né pour oser
et j’ose à peine
   j’ai bu tant d’eau »