Pampilles de Florentine Rey, le Castor Astral,
https://www.castorastral.com/livre/pampilles/
Tournés vers l’instant d’après on
consolide les liens comme jamais on a
compris le risque de couler compris
qu’en nous reposent tous les autres
pour toujours en file indienne les
dominos c’est pour bientôt on joue
sans score sans pions sans partie on
joue sans perdants ni gagnants on joue
à rien en connexion avec tout
Les pampilles de Florentine sont en verre, ce sont des miroirs où l’on passe au travers comme dans les films surréalistes, des échiquiers de l’ordre du rêve, de l’invisible qui prend forme, une candeur qui se déroule, une respiration de plume. On retient son souffle, on s’affaire à faire tenir tout un bazar hétéroclite. On y va à l’intuition, à la raison éclatée, on prend ce monde ci, ce monde-là et on s’y étale dans nos vertiges, on éparpille des pensées de pampilles à bout de champs, on cherche une limite où synchroniser nos corps à grands coups de trouble. C’est bon, vient le moment où l’on prend langue. On a retrouvé les pas perdus, fait assez de provision, passé la serpillière, collectionné assez de coups d’ailes pour qu’il ne puisse plus rien nous arriver de grave. Juste une légère ivresse, un titubement sans conséquences, une répétition de la même scène qu’on connait par cœur. On rame, les rêves barrières empêchent notre chute, les mots de notre bouche tombent à notre place. Mais tant d’autres surgissent partout qu’on ne s’inquiète pas. Les phrases font des ponts entre toutes nos rives, on ne déchiffre qu’une partie du chaos et encore très approximativement. Alors on reformule nos confettis de sens, on pousse la barque à l’eau. On espère embarquer un jour même pour un petit tour, histoire de ramasser à la surface encore une idée, un projet, un espoir, une flamme que le vent n’a pas pu éteindre. On aime, on s’aime, on dit je t’aime, nos mots tombés jouent par terre comme des enfants, on se partage le ciel. Alors…
« …
j’entrevois une sortie par la porte de
l’art dans un cheval en marbre rempli
de rires d’enfants un aigle plane
au-dessus on voit l’autre versant »