Du cœur battant de Gaëlle Joly Giacometti, éd. La passe du vent

C’est une qui se débat, qui se bat, qui n’a pas le bon rythme, qui n’est pas à l’heure, pas conforme, pas audible, qui se contredit, qui doute comme dans la chanson, qui n’est pas à la hauteur, ne sait pas, (« vivre sans y croire vraiment »), pratique le renoncement, l’aquoibonisme comme dans une autre chanson, une qui se sauve, qui est sauvée par un regard, un livre, une qui tombe et s’emballe, qui compte, (« on devient l’exécrable comptable de sa vie »), une qui accélère pour gagner du temps, cherche l’issue de secours, (« Où est l’issue de secours / à l’insu du compte à rebours ? », une qui prend des risques, qui veut tout de la vie mais qui garde conscience intacte, une toujours en partance et en retour, à l’écoute des marges, (« En constant déséquilibre / supporter seulement / la terre des esseulés, des incertains »), une qui tient debout (« c’est à bout de bras / que je tiens / debout »), une qui guette le matin, (« en proie aux insomnies, je danse sur les toits de vos nuits / à saute-mouton sur vos lits immobiles / je compte d’un à mille / la crevaison de vos rêves fragiles »), une qui se mêle aux éclopés, aux silencieux, aux « sans-mots pour le dire », une qui lutte le rouge au cœur battant et à la rage qui va avec, une qui écrit… La voilà l’issue de secours, écrire.

C’est un livre donc, c’est court, c’est dense, ça danse des mots choisis avec soin, avec parcimonie, des mots pour s’appuyer dessus, sauter plus haut et pour finir « ne laisser aucune parole en l’air ».