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« Le ciel gris / Je l’ai mis / Dans mon mouchoir / Mon mouchoir / Dans la poche / La poche / Dans la machine à laver / Le ciel gris / Est devenu / Bleu-nuit / Et depuis / J’ai le nez / Dans les étoiles ». Les étoiles, c’est la lune qui les a semées pour retrouver son chemin dans la nuit. La poésie de Joël Sadeler nous fait lever le nez au ciel le long du toit des vieilles églises, des clochers de villages qui sont comme des flèches sur la photo, qui nous jouent leur symphonie de jours de fête. On accroche les lampions, on prend des notes pour jouer au poète. C’est le grand silence crémeux des instants d’éclipse, le premier rais de lumière qui ouvre les yeux des arbres, un soleil glace une boule simple fondant dans les doigts de l’horizon, les fleurs qui s’allument comme des bougies aux branches du printemps, la feuille qui file au vent vers les ardoises de guingois quand la pluie pianote ses pattes de chat sur les toits, l’ondulation des clématites autour du puits dans un coin de la cour, les nuages que colporte la bise dans les fermes, les volets qui claquent, la porte qui tape, les odeurs de pluie piégées dans l’éponge du temps, l’automne qui dévide son chapelet d’aiguilles, la coccinelle vole vole épaule le jardinier consciencieusement et écologiquement, le lac et la montagne qui jouent au jeu de l’écho, les hirondelles sur les fils, photos en noir et blanc aux bords dentelés dans une boîte en fer derrière des chiffons, oubliées au fond d’un tiroir secret, les oiseaux papotant entre les feuilles du cerisier, les étincelles dans la cheminée comme les applaudissements des bûches, les doutes et les regrets du flocon de neige, que pouvait-il faire d’autre que tomber ? l’herbe gelée qui croustille sous les pas comme croûte de pain frais, la montagne qui sort de la brume telle une dent qui perce, « Des pis de glace / Au bord du toit / Tombent / Des gouttes d’eau // Lait glacé / Pour abreuver / L’herbe jaune / D’un printemps à venir. »
Conclusion : Si la vie pèse trop, que le printemps paraît loin, on peut lever le nez au ciel et feuilleter un bouquin de Joël Sadeler, alors par miracle, l’air devient plus limpide et plus léger. Enfin normalement