Il suffit d’une colonie de mésanges dans les branches du vieux figuier devant la fenêtre; un matin tellement doux de février qu’on croirait une tentative de préface du printemps, pour songer à cet arbre que parait-il mon grand-père, qui était né en 1886, avait toujours connu. Poussant dans le mur de la maison, on l’avait coupé à plusieurs reprises, versé dans son tronc de l’essence et de l’acide sulfurique, mais il n’a jamais voulu mourir. Le figuier est coriace. Alors tant pis ! Qu’il vive donc, on verra bien pour les murs et les fondations. Il a suffi d’une colonie de mésanges pour que j’aie envie de relire un livre que Jean-Claude Touzeil m’avait dédicacé, c’était en 1997, « Peuples d’arbres » (éd. donner à voir) et écouter une chanson du groupe « des fourmis dans les mains », clin d’œil au blog de l’auteur : http://biloba.over-blog.com/
Arbres solitaires
Mauvais caractères
Anarchistes romantiques
Plantés au gré du vent
Hameaux d’arbres en bouquets
En famille ou presque
Réfugiés mutilés blessés
Boat-people à la dérive
Sur les océans du monde
Arbres villageois des taillis des bois
La barbe en broussaille
À la va comme je te pousse
Arbres grégaires des villes-forêts
Apartheid des conifères
Cèdres bleus saules pleureurs
Des résidences secondaires
Platanes bien-pensants dans la ligne
Tilleuls taillés au cordeau
Respectueux de l’ordre
Clochards inconnus sur le trottoir
Mendiant un coup à boire
Arbres pauvres sauvages
Déshérités par la nature
Arbres riches et puissants
Prenant encore ombrage
De leurs maigres racines
Arbres sentinelles éternelles
Du passage des hommes
Arbres discrets témoins
Des brouillons amoureux
Des amours repenties
Arbres oiseaux sensibles
Aux tremblements de terre
Au rythme des saisons
À la marche des siècles
Arbres livres
Des hommes libres
Au fil des pages-feuilles
Arbres miroirs et références
Mémoire de l’univers
Peuple d’arbres en marche
De toute une éternité