Pendant les grandes grèves de 1995, Alain Jégou nous envoyait cette lettre qui aurait pu être écrite un siècle avant aussi bien que quelques décennies plus tard. Elle introduisait le numéro 12 : « C’est enfin le boxon en le beau royaume de France ! Grand temps que le petit peuple se rebelle, se décide à faire la peau aux aristos du pouvoir. Je n’espérais plus. La rev’lu, la saine jubilation, le bel entrain fouteur de merde ! Faudrait peut-être voir à raccourcir quelques énarques pour que les autres cessent de prendre le petit populo pour de la merde. Tandis que le monarque porte la bonne parole franchouillarde à nos ex colonisés d’Afrique, ses sous-fifres jouent les fanfarons face à la rumeur qui gronde partout dans le pays. J’ai dans l’idée qu’ils vont pas tarder à perdre de leur superbe et se retartiner la fiole plus modeste s’ils veulent la conserver intacte sur leurs épaules étroites d’intellos surmenés. Je souhaite tant qu’ils craquent et larguent leur morgue et arrogance. Ces mecs de la politique me filent une telle envie de gerber !… Je les voudrais voir à plat, tout en bas, rampant et pétochant devant les foules rigolardes des damnés de la terre, les exclus, les sans-logis, les sans boulot, les sans ressource, les sans chaleur, les sans amour, tous ceux qu’ils ignorent et regardent avec tant de mépris… »