Dans ce numéro, Valérie Rouzeau n’était pas encore une autrice reconnue (c’était encore le temps des gros catalogue de la Redoute ou des 3 Suisses) mais elle avait des souvenirs :

« Souvenir // Les oiseaux ne volaient plus comme ils voulaient. // Tout était resté dehors : poupées, porcelaines, soldats. / L’érable envoyait ses feuilles rouges contre la vitre en signe d’adieu. // Pourtant ce n’était pas une vraie tempête de roman. / Le vent tournait les pages du catalogue automne-hiver. / Le vent tournait. »

Je chroniquais une mince plaquette d’un auteur à qui je prédisais un bel avenir, c’était « Les cigarettes marocaines » de David Dumortier.

Les hivers étaient à peine plus froids mais guère différents : « parfois l’hiver, bien au chaud dans la maison, on s’étonne de voir une mouche traverser brusquement la cuisine, échappée du bahut ou du pli d’un rideau. (du moins se plaît-on à l’imaginer tant on se refuse à la dire surgie de nulle part, ce qui ne laisserait pas d’inquiéter.) a-t-elle survécu aux insecticides de l’automne ? annonce-t-elle la belle saison qui tarde à revenir ? on ne sait trop et un rien de tendresse bizarre nous traverse. On ne la tue pas, on lui laisse une chance. » (Lucien Wasselin)

Max Laire avait son rond de serviette avec ses aphorismes :

« – Agé de 98 ans, il fut anéanti par la surprise d’apprendre qu’il allait mourir.

– Un chien en général se comporte en soldat discipliné. »

On était fin 1995. Une guerre en Bosnie était sur le point de s’achever. Une autre au Kosovo était en train de couver.

« Les chants des hommes / Sont plus beaux qu’eux-mêmes /…/ Quel que soit leur langage / J’ai toujours compris tous les chants » (Nazim Hikmet)

Ça n’a rien à voir mais j’aime beaucoup la musique ukrainienne.