Numéro 3 de Gros Textes, arrive Mylène Azzopardi, « Mon habitation ici » est peut-être la seule chose qu’elle aura publiée. On ne cherche pas à faire œuvre, on s’attelle à multiplier des signes ténus dont nous ne savons que faire. On ne sait pas vraiment quoi faire, « fonder quelque chose / demeurer vivant ». J’ai toujours écouté Bertin en vieillissant.

« L’enracinement tranquille de cette terre me fait appréhender les lendemains d’errance…

… Des vieilles aux yeux vides distillent le temps compté dans des jacassements crochus et jonchent les coins des portes sombres, les bonnes vieilles !…

… Les encadrures des fenêtres ont ici des têtes velues, et grincent par tous les temps, comme de vieux barbons…

… J’aimerais accomplir mon habitation ici, dans cet endroit où la divinité n’a plus la dimension du manque car elle pèse dans chaque pierre, dans chaque feu, dans le silence, dans les tombeaux au bord des routes…

… Et puis boire à nouveau à la source où coule la quiétude de l’être vieillissant… »