De nouveaux nouvelles venues dans ce numéro, l’artiste de Digne Pierre Laroche avec des sérigraphies sur pages d’annuaires téléphoniques découpées, des dessins de Patrice Castellan, je reparlerai de lui plus tard, un dossier Jules Laforgue par Joëlle Rapaïe avec ce poème en illustration « complainte variation sur le mot falot falotte » que j’allais apprendre par cœur et
que Dominique Oury allait mettre en musique et qui deviendra notre tube dans les spectacles de poésie que nous allions commencer à proposer bientôt. La part belle était faite aux aphorismes avec Lichtenberg « Sa toux sonnait si creux que l’on croyait entendre en même temps que chaque son, la double table d’harmonie de la poitrine et du cercueil. » Ou encore les affrorismes, affreux aphorisme de Jean-Pierre Bonnel (il avait fondé la revue « les Alpes Vagabonde » où je fis mes premières armes en poésie dans les Hautes Alpes quelques années auparavant) :
« Poésie : volute ludique
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J’en avais rêvé de charretées d’aphorismes – miette de la vie au puzzle insoluble -, mais un matin propre je les ai oubliés.
Il fallait avancer.
VIVRE ;
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Problème qui obsède : où enterrer son chien ?
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La langue vivante c’est celle de l’usage : les mots sont faits pour qu’on en use
qu’on en abuse
triple buse ! »
Et c’est dans ce numéro que j’inaugure des notes de lectures sous le titre générique emprunté à Ferré «en vrac et en dentelle», j’y chroniquais des fanzines locaux, un polder d’Hervé Merlot, un livre de Guy Benoit, la revue Travers et un ouvrage de contes de Jacques Sternberg avec celui-ci pour illustrer : « Le miracle : La famille très pieuse venait de terminer le poulet du dimanche quand la fille cadette s’étrangla avec un os et mourut étouffée sur le coup. Alors Dieu, assailli de prières se fendit d’un petit miracle et, le temps d’y croire, ressuscita le poulet. »