Gros Textes a donc eu 30 ans il y a un mois et dans le numéro 9 de la revue on publiait ce poème de Jean-Pierre Lesieur que j’allais mettre en voix pour nos premiers spectacles de poésie (que Dominique Oury annonçait dans ce numéro) et qui m’accompagne régulièrement depuis :
« Méthode Coué
Il pratique la poésie depuis 30 ans avec le même bonheur rare. Celui des poètes.
Il pratique le bonheur depuis 30 ans avec la même poésie rare. Celle des poètes.
Il pratique les poètes depuis 30 ans avec la même poésie rare. Celle du bonheur.
Il pratique ses 30 ans depuis la poésie avec le même bonheur rare. Celui des poètes.
Il pratique les poètes depuis le bonheur avec les mêmes 30 ans rares. Ceux de la poésie.
Il pratique la poésie depuis les poètes avec le même bonheur rare. Celui des 30 ans. »

Ce numéro voyait également l’arrivée de deux auteurs qui ont compté dans notre histoire. Alain Jégou qui a participé à de nombreux numéros de la revue et nous a accompagné jusqu’à sa mort en 2013 et Jean-Pierre Georges dont les aphorismes collaient parfaitement à l’esprit de Gros Textes et à qui je crois devoir beaucoup.
« fatalement / l’aspect du désir / l’étrange façon / de tenir à la vie / courant sous la peau / la passion qui tressaille / se saisit de l’âme / pour se la fourvoyer / sous l’érectile lumière / en la vasque du sexe / où patauge et expire / un pathétique plaisir » (Alain Jégou)

« Rester des heures sous la lampe / par décision / utiliser les temps contre le temps / ruminer des projets enfantins / s’étonner qu’après tant d’années / derrière ce masque d’homme / il n’y ait encore / que jugements infirmes / et pauvres chimères
*
Travaille plutôt à être toi-même / mais je n’aime pas le travail
*
Ma poésie / est partie avec un autre » (Jean-Pierre Georges)