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L’image partie, reste le bruit des mots, un rythme de pas et de syllabes sur les graviers, pas grand-chose, un pas de danse à condition d’avoir trop bu, le temps qu’il faut tuer pour creuser le moment, traduire nos envies dans la langue de l’autre et parler sa bouche. L’image partie, tu n’es plus que parole, elle se redresse. Poèmes graviers, au son des allumettes, foutre le feu pour de faux. Hugo Fontaine est une machine à cœur mou, à trajectoire souple. Ici ça produit de l’analphabet et de l’errance, « un gars qui joue aux billes sans billes, mais avec ses yeux dans le regard des autres ». On est du côté de l’inconscient deleuzien, un atelier usine où on bosse à la chaîne. On écrit avec de la viande, du sang et de la terre. On marche dans nos godasses, bien dedans, c’est important les godasses pour aller là-bas et revenir comme des vagues. Puis disparaître.

On aura peut-être mal traduit mais on aura progressé quand même avec ces notes, des cailloux sur le chemin, les graviers numérotés, les marques d’affection, il en faut, comme si on faisait de la couture, un fil et une aiguille pour écrire à vif dans la peau du bordel, recoudre le linge déchiré. L’image quittée, il s’agit de conquérir l’autre côté, un morceau de vie vraie, la transparence d’un matin, un soleil neuf, de la langue désarticulée qui se retrouve aux yeux d’une danse ou d’un éclat de rire, surtout ne pas se prendre au sérieux, premier secret, fuir le concret et la tiédeur, la poésie est une maladie transmissible seulement dans sa fièvre; nous sommes prévenus.

Et pour finir, on échoue là, dans le fond d’un fond d’amour à ritournelle, pas très beau, pas de la complainte, juste un peu foiré dans une petite gare sans guichet, pas de ticket, c’est du vivant avec son café dans la bouche de quelqu’un ou quelqu’une, c’est du blabla, un doux babil, un petit cul fragile, un accent grave au centre d’un poème qui défie les lois de la gravité. Tu veux une pomme ?
« Un jour
l’église sonnera
la fin de la fête
quand le santon
t’offrira un verre
de trop »

« J’aimerais mal finir »