Les questions qu’on hésite à trancher
restent bien accrochées au bord du verre vide
Sur la route je t’ai rêvée
coquelicot, falaise ou bock de bière. J’hésite.
C’est une image sur un poster
dans un bistrot de bord de route
très sombre à six heures un soir de dimanche en pluie.
Pas moyen de lire ou d’écrire quelques pensées
sur le petit carnet des remous intérieurs.
Alors je t’ai rêvée comme on boit lentement
regardant vaguement sur le mur cette image
aux couleurs délavées qu’on regarde sans voir.
Des cloches sonnent assez près comme pour mettre
un peu de lumière dans ce moment. Et voilà
que les deux moitiés d’un long poème éclaté
sont tombés dans la mousse de la bière.
Elles disent qu’on écrit toujours coupé en deux
quand on écrit le rêve.
Il y a une porte légère qui bat entre les mondes
et nous passons d’un côté l’autre,
d’un verre vide au verre plein.
On ne sait dans lequel s’étiolent les nuages.
On pose la question à l’écume, à l’opaque
C’est quoi l’amour au fait ? (oui, c’est ça la question!)
Un paquet de graines à lancer aux pigeons,
un éclat de chair enroulé dans de la soie,
un frisson du destin, un incendie d’amarres ?
Sur le tapis rose du silence, n’en finit pas de battre
notre étonnement d’être, un intense besoin
d’aller et venir dans la forêt des histoires,
des contes et des légendes comme des pistes
à suivre en nos matins d’intense transparence,
reconnaître nos traces dans des verres sans âge
et boire l’oubli à belles gorgées qui se souviennent
de l’imperceptible et du coup d’aile sur la feuille de papier.