Je ne me souvenais pas de Claude Saguet jusqu’à ce soir où, épuisé, de retour de plusieurs jours de marché à déballer et remballer un fourgon, monter et démonter un stand pour vendre des livres, j’ai écouté cette chanson sur un vieux CD que m’avait offert Martine Caplanne et que j’écoutais déjà il y a plusieurs décennies. Comme les larmes viennent, je m’arrête au bord de la route et me dis qu’il faudra se souvenir de lui, qu’il fut ouvrier spécialisé (travailleur à la chaîne) dans l’aérospatiale et qu’il écrivit : « Je porte en moi un cri d’usine ».
« Quand je serai mort
Entrez dans mes poèmes
Prêtez-moi un tison
Pour mes vêtements nocturnes
La source de vos gestes
Et la plus courte flamme
Car je crains d’aborder
– Naufragé de la nuit –
La terre entr’aperçue
Où flottent des yeux tristes
Et de vagues visages
A l’infini brisés »