Voilà, j’arrive au bord d’un chemin ou d’un récit. Je sens tourner les montagnes et le ciel autour d’un printemps oblique. Je sens des bourrasques de tendresse frapper aux portes des pensées, ce peu de moi qui s’agite dans le vantail des attentions. J’écris comme on s’éloigne et comme on revient avec les oiseaux du jour. J’ai gardé un murmure d’amitié dans la poche, une patience tatouée sur le front, les veines épaisses d’une parole authentique dans le poing serré.

On m’a dit qu’à la fin de sa vie, mon grand-père venait quotidiennement s’asseoir sur un rocher et restait des heures à contempler la vallée. Je suis allé sur ce rocher et j’ai regardé longtemps le silence au loin. C’était comme un rendez-vous avec un grain de poussière qui aurait pris de l’âge, un parfum d’aubépine en fleurs qui porte bien ses rides. Et je sais à présent que la torche des échos précaires veille sur le chant, prépare son retour.

« Quand vous reverrai-je
Amis loin d’ici
Enfouis sous la neige
Dans une autre vie… » (Bruno Ruiz)