Parfois je m’en vais seul au hasard dans les rues
et je vois derrière les fenêtres embuées
les télés allumées, les ardeurs qui s’éteignent
chez ceux qui mangent dans les bols de l’habitude
la soumission aux lendemains de l’identique,
et mon pas se fait lourd dans le pressentiment
des langues en sommeil et des langues moribondes.
Qu’a-t-il pu se passer pour en arriver là ?
dans l’oubli des corps et des voix, à cet hiver
de la conscience qui recouvre les passions
du drap blanc d’une insolite absence à la vie.
Je marche seul oh mon amour de l’outre-monde.
Je regarde à travers les fenêtres embuées
les couples user leurs sentiments dans le potage.
Je suis comme eux mon amour de douce bêtise.
Tu me cries que je finirai seul loin de tout
un soir de neige et je te crie que je m’en fous,
que je vais encore tenter seul de trouver
la lumière, me laver dans ces nuits fleuries
de milliards de halètements d’étoiles mortes
et m’imprégner encore des matins de tendresse
déposés là dans le cortège des semaines
au bord de ces passions
qui soupirent et s’étiolent
dans le coton du temps
qui s’arrête à la porte
des sentiments ternis
quand les nuits se déroulent
comme des draps d’ennui
où l’on n’ose même plus
voir fleurir l’inconnu
au bord de ces passions
qui ont perdu leur voix
qui ne s’élancent plus
qui meurent dans nos ventres
moi je vous parle émoi