Parfois je me demande ce que je fous là
vous racontant tout ça, et vous à m’écouter
me trouver bête et surfait, pas du tout branché.
Je tisse un fil de parole dans les vergers.
Je caresse l’ambition de changer la vie,
faire surgir du fond des galoches du vent
la rage et l’émotion, les grelots de folie,
la révolte et la peur, germes de déraison,
des projets fous, les rictus de la démesure,
des slogans incendiaires et les chants de l’extase.
Si ce soir on s’inventait un autre destin ?
Si on changeait nos façons de voir, de sentir ?
Si on décidait ensemble de regarder
derrière l’apparence des choses et des mots,
derrière la croûte des phrases toutes faites
que font pleuvoir comme ça sur nos crânes distraits
les journaux télé pub mode vision média,
pouvoir chien de garde des maîtres qui préparent
nos digestions faciles dans du néant gratuit ?
Si l’on faisait éclore des galoches du vent
une plante verte dans un vase où pousserait
le bonheur, celui de boire à des sources pures
à travers ces regards
qui cherchent la sortie
dans les nervures du temps
dans un léger sourire
une esquisse fraternelle
la vie te pèse aussi
mais cela va changer
on y croit un moment
d’un peu de compassion
dans la chaleur des verres
qui s’emplissent et se vident
à travers ces regards
qui cherchent la sortie
moi je vous parle émoi