Parfois on retrouve quelque chose du monde
qui respire dans le long bâton du poème,
quelque chose des bistrots où s’épuisent les rêves
dans l’âme des pastis, quelque chose des angoisses
du vieillard, du chômeur qui voit finir ses droits,
quelque chose des rires ribambelles d’enfants
sautant à la marelle la porte du ciel,
quelque chose des sous que tu as recomptés
avant de te payer une tranche d’existence
au paquebot du coin, aux verres des copains,
quelque chose des élans qui déjà lèvent l’ancre
quand on prend la parole à l’aube des victoires,
quand on imagine que nos mots vont tisser
cette voile magique qui nous emportera
au bout de ce silence
où les mots échoués
sur des lignes mouvantes
se maculent de sang
de brouillard de fumée
d’urine et de vin rouge
pour ressurgir demain
ou bien un autre jour
quelque part n’importe où
dans la peine ou la joie
les désirs l’amitié
ou dans n’importe quoi
au creux de ce silence
où retournent les voix
sept fois dans les accords
d’une musique qui
pousse entre les pavés
ricoche sur les flaques
depuis le fond des âges
d’une musique qui
vous parle émoi et moi
je vous dis : Aller, Tchao !